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11 juin 2025Depuis mars 2025, une voie de covoiturage a Ă©tĂ© mise en place sur le pĂ©riphĂ©rique parisien. Si la mesure suscite des dĂ©bats, une question centrale reste en suspens : a-t-elle un impact sur l’accidentologie en ĂŽle-de-France ?
Une expérimentation très surveillée
Le 3 mars 2025, la Ville de Paris, en lien avec l’État, lançait une expérimentation inédite : une voie réservée au covoiturage sur le périphérique, entre le quai d’Issy et la porte de Bercy. Le dispositif, actif aux heures de pointe (7h-10h30 et 16h-20h), est censé fluidifier le trafic, réduire la pollution et… améliorer la sécurité routière. Depuis le 2 mai, les contrevenants risquent une amende de 135 euros, détectés par des caméras intelligentes.
Mais derrière ces ambitions, qu’en est-il réellement ? La circulation est-elle plus sûre ? Les accidents ont-ils baissé ? Nous avons mené l’enquête.
Une tendance à la baisse… mais difficile à attribuer
D’un point de vue global, l’accidentologie est en légère baisse en Île-de-France. En 2024, la région a enregistré 15 726 accidents corporels, contre 15 943 en 2023. Les décès sur les routes ont également diminué (262 contre 268). Et les premiers chiffres de 2025 poursuivent cette tendance : le mois d’avril 2025 comptait moins de tués et de blessés qu’avril 2024, malgré une légère hausse du nombre total d’accidents.
Sur le périphérique, les chiffres sont encore plus parlants : 369 accidents corporels en 2023, contre 298 en 2024, soit une baisse de 19 %. Mais attention : cette chute est survenue après la généralisation de la limitation à 50 km/h en octobre 2024, pas après l’arrivée de la voie covoiturage, qui n’est entrée en vigueur qu’en mars 2025.
En d’autres termes, les effets positifs mesurĂ©s aujourd’hui relèvent d’abord de la rĂ©duction de la vitesse. L’impact spĂ©cifique de la voie de covoiturage ne pourra ĂŞtre mesurĂ© de manière fiable qu’après plusieurs mois, voire un an, d’expĂ©rimentation.
Ce que l’on sait… et ce qu’on ignore encore
Ce que l’on sait :
- La circulation sur le périphérique a légèrement diminué depuis octobre 2024.
- Le niveau sonore et la pollution de l’air ont reculé sur plusieurs tronçons.
- Le nombre d’accidents graves semble en recul sur le périphérique.
Ce que l’on ne sait pas encore :
- Le nombre d’accidents précisément sur la voie de covoiturage.
- L’évolution des comportements à long terme (stress, vitesse, interactions entre véhicules).
- L’existence ou non d’un report du danger vers les axes secondaires, comme les Maréchaux ou les autoroutes A6/A4.
La prudence reste de mise
Pour l’heure, les experts appellent à la prudence. « Il est trop tôt pour établir un lien de causalité entre la voie de covoiturage et une baisse des accidents », explique un analyste en sécurité routière. « On observe une baisse générale liée à plusieurs facteurs : réduction de la vitesse, évolution des habitudes post-COVID, amélioration des véhicules. La voie covoiturage est peut-être un levier supplémentaire, mais il faut du recul. »
Un premier rapport d’évaluation est attendu pour la fin 2025. Il devra croiser les donnĂ©es d’accidentalitĂ©, de trafic, de pollution, et de respect de la rĂ©glementation. C’est Ă cette condition que la Ville de Paris dĂ©cidera d’Ă©tendre, modifier ou abandonner le dispositif.
Un pari sur le long terme
La voie de covoiturage s’inscrit dans un ensemble de mesures visant à transformer profondément le périphérique parisien. Moins de vitesse, plus d’arbres, moins de voitures individuelles : un « boulevard urbain » en gestation.
L’expérimentation actuelle est donc une pièce d’un puzzle plus vaste. Pour l’instant, la promesse d’une meilleure sécurité semble en bonne voie, mais l’impact direct reste à prouver.